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Qu'est-ce que la Guématria ?

 

La guématria est un procédé utilisé principalement par les qabalistes qui consiste à remplacer les lettres d'un mot ou d'une phrase par leur valeur numérique pour ensuite les additionner afin d'obtenir une valeur totale qui sera associée à ce mot ou à cette phrase. Les mots de même valeur guématique possèdent un sens rapproché que les qabalistes utilisent afin d'aller chercher la signification profonde cachée derrière le mot. La qabalah associe au 22 lettres de l'alphabet hébreu un nombre particulier. Mais la guématria n'est pas seulement utilisé pour les textes écrits en hébreu: les grecs, les arabes et les chinois avaient aussi l'habitude de cette forme d'étude. Nous nous contenterons de lister ici seulement l'alphabet hébreu.

 

Il existe plusieurs écoles de pensé tant qu'à l'attribution des chiffres aux lettres. Disons simplement qu'on distingue la numérotation ordinaire (référencé ici à la guématrie en "N") et la numérotation simple (référencé ici à la guématrie en "n").

 

Pour les lettres hébraïques, l'échelonnement des nombres de la numérotation ordinaire s'étend de 1 à 400 pour les 22 premières lettres. Figurent ensuite cinq autres lettres qui ont une forme et une valeur numérique différentes lorsqu'elles se trouvent à la fin d'un mot. Ce sont le kaph final avec 500, le mem final avec 600, le nun final avec 700, le phé final avec 800 et le tzadé final avec 900. Pour l'alphabet grec, l'échelonnement s'étend de 1 à 900, avec 9 unités, 9 dizaines et 9 centaines.

 

La numérotation simplifiée est, disons, plus modeste! Les valeurs numériques suivent directement l'ordre de chacune des lettres dans l'alphabet. C'est ainsi que l'alphabet hébreu se voit attribuer les chiffres 1 à 27, et l'alphabet grec, 1 à 24, correspondant à l'alphabet des simples (guématrie en "n").

 

La Guématria la plus ordinaire consiste à attribuer aux lettres les valeurs suivantes:

Valeur numérique Lettre/Nom Hiéroglyphe originel.

 

1 Alef taureau

2 Beith maison

3 Guimel chameau

4 Daleth porte

5 Hé fenêtre

6 Vav crochet

7 Zain sexe masculin, semence

8 Khet clôture

9 Teth serpent

10 Yod main

20 Kaf paume de la main

30 Lamed aiguillon (pic pour faire avancer le bétail)

40 Mem eau

50 Nun poisson

60 Samekh appui, tuteur

70 Ayïn oeil

80 Peh bouche

90 Tzaddé hameçon

100 Kof nuque

200 Resch tête

300 Schin dent

400 Tav signe

 

Plus cinq lettres déjà mentionnées mais qui, situées à la fin d'un mot, prennent une forme et une valeur numérique propres:

500 Kaf

600 Mem

700 Nun

800 Peh

900 Tzaddé

 

Pour pénétrer plus avant les arcanes des mots, Moïse Cordovero, l'une des plus grandes figures du centre qabaliste de Safed, en Galilée, propose huit Guématrioth (Guématrioth est le pluriel de Guématria).

 

La première, juste mentionnée, additionne simplement la valeur des lettres d'un mot, et tire des conclusions du résultat obtenu.

 

La deuxième ne tient pas compte des dizaines et des centaines. Ainsi Yod = Aleph = 1, ou Tav = Daleth = 4.

 

La troisième met les nombres au carré. Ainsi, pour le tétragramme divin Yod, Hé, Vav, Hé (Y- h-v-h, D-ieu), la première Guématria donne comme valeur 26 . Dans la troisième Guématria, la suite 10 + 5 + 6 + 5 devient 102 +52+62+52= 186. Cette Guématria permet de rapprocher le tétragramme d'un autre nom divin, "M-a-k-o-m" (le lieu), dont la valeur est également 186.

 

La quatrième ajoute à la valeur de toute lettre la valeur des lettres qui précèdent. Ainsi, Alef vaut 1, Beth vaut 1 + 2 = 3, Guimel vaut 1 + 2 + 3 = 6, Daleth vaut 1 + 2 + 3 + 4 = 10, etc. On obtient de la sorte la suite: 1, 3, 6, 10, 15, 21, etc., qui est également celle des nombres triangulaires pythagoriciens

 

La cinquième attribue aux lettres la somme des valeurs des lettres qui composent le nom de la lettre. Aleph, qui s'orthographie Aleph, Lamed, Pé final, vaut donc 1 + 30 + 800 = 831. Beith, qui s'orthographie Beith, Iod, Tav, vaut 412. Etc.

 

La sixième ne prend en compte que quatre lettres finales au lieu des cinq usuelles; elle ne tient pas compte du Kaph final.

 

La septième additionne le nombre des lettres d'un mot à la valeur numérique du mot lui-même. Ainsi le Nom divin Yod, Hé, Vav, Hé vaut 26 + 4 parce qu'il compte 4 lettres = 30. Cette septième Guématria peut se combiner avec toutes les autres

 

La huitième ajoute 1 à la valeur du mot. Elle peut également être associée à toutes les autres.

 

Il existe, évidemment, d'autres Guématrioth. Qui en connaît le nombre? D'ailleurs, pourquoi ce nombre devrait-il être définitivement arrêté? Chacun peut composer sa Guématria. N'importe quel système permet d'associer les mots et de rapprocher les idées

 

Le qabaliste joue à la numérologie pour casser les associations d'idées banales.

 

Un tel exercice permet d'échapper aux associations d'idées hantant notre mental, suggérées par des analogies de propriétés (le Soleil, par exemple, nous fait penser à lumière ou à chaleur), des homonymies, des synonymies, des souvenirs, un savoir appris, une éducation, des préjugés.

 

La Guématria, amusante et peu coûteuse, permet de découvrir des analogies surprenantes, auxquelles nous n'aurions jamais songé autrement. Et, plus surprenant encore, les analogies suggérées par la Guématria semblent avoir au moins autant de justification que nos analogies coutumières.

 

Il est intéressant d'observer que le texte qu'analyse le praticien de la Guématria n'est qu'une matière première sans forme. Au lecteur ordinaire, ce texte dit quelque chose de clair, raconte une histoire, exprime une idée. Pour le qabaliste, en revanche, il est obscur, incompréhensible, chiffré. Pour en découvrir le sens, il va devoir le décrypter. Ce n'est pas une opération simple

 

Pour le qabaliste, le sens se mérite.

 

 

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